Les pierres sur le chemin de la vie
photo: A Trekker
Une année passe, une autre déjà pousse le bout du nez à la porte de demain. Je suis née à la tombée de la nuit entre la Toussaint et le Jour des Morts. En ce temps de la fête celte du Samain, passage de la saison claire vers la saison sombre, ouverture du nouvel an. Longtemps cette date m'a paru lourde de mémoire enfouie et de fantômes menaçants.
Au fil du temps, elle m'apparaît plus sensée et donc plus légère. Je suis née pour tisser le fil entre les vivants et les morts. Pour dénouer aussi les cordes et les chaînes avec lesquelles certaines morts entravent les vivants.
Aujourd'hui je sais que mon histoire s'inscrit dans la double temporalité, celle qui vient du passé, de ses pleins et de ses vides. Celle qui relève du principe selon lequel les causes précèdent les effets. Celle qui nous fait porter le poids des fautes ou des maux des ancêtres. D' elle, je connais les pièges et les coffres à trésor.
Mais j'ai appris depuis peu l'existence de celle ( la seconde temporalité) qui se profile en sens inverse du temps passé et repose sur celui à venir, imaginé, projeté qui nous aspire et nous fait signe à travers les synchonicités. Par elle, nous pouvons chercher et trouver une ou plusieurs voies de libertés au travers des ronces du déterminisme. A nous, à moi de chercher les pierres sur le chemin, les petits cailloux qui dessinent mon projet de vie.
Il m'a semblé ces dernières années que mes enfants et petits-enfants, mais aussi ces personnes dont je croise et écoute le récit de vie, m'ont permis de mieux déceler vers quelle destination je souhaite diriger ma vie avec quelle(s) intention(s). Ce qui, me semble-t-il, renforce chaque année mon Arbre de vie même si l'âge diminue certaines de mes capacités physiques, voire mentales. L'esprit, lui, poursuit son chemin... en douceur mais profondeur.