Ma mère, cette inconnue familière.
Photo de droite, copyright appartenant à A. Trekker
La lecture du livre-récit de Philippe Labro "Ma mère, cette inconnue" (Gallimard 2017) m'a émue et questionnée.
Comment pouvons-nous approcher au plus près l'histoire de nos parents?
J'ai longtemps cru que ma mère m'était connue, trop peut-être. Jusqu'au jour où elle a perdu la mémoire.Je suis dès lors partie à sa recherche et l'ai découverte bien plus complexe que je ne le pensais. Je l'ai écrit dans "La mémoire confisquée".
J'ai retrouvé au fil des pages de Philippe Labro, de son écriture sobre et fluide, cette quête de l'enfant devenu adulte face à l'histoire de celle qui l'a mis au monde. Netka ne lui a pas facilité la tâche. Il lui faudra du temps pour identifier la part de ses origines polonaises, l'histoire de son père inconnu, éclaircir les mystères de l'abandon par sa mère et les voies de résilience de la petite fille et de l'adolescente abandonnée. Jusqu'à sa rencontre "miraculeuse" avec Jean qui deviendra son mari et le père de leurs enfants.
Parmi les pages les plus fortes du livre, il y a le refus de Netka d'accepter la demande tardive de sa mère de la revoir et découvrir ses petits-enfants. Non par vengeance mais parce qu'il y a une règle immuable pour elle: on n'abandonne pas ses enfants.
L'approche tout en nuance, en finesse de Philippe Labro montre ce que peut être le travail d'écriture autour de l'histoire d'un parent proche. Entre le désir de savoir, la force de chercher, l'hésitation à poursuivre, la crainte de ses propres angoisses, l'envie de questionner et la nécessité de respecter un certain silence... on perçoit ce lien juste qui se tisse et se re-tisse au fil des pages (et de la vie), empreint des paroles du père "Garde-toi de juger d'abord. Il faut avant tout, tenter de comprendre".