Mères, filles : de la répétition à la variation
C'est avec surprise et plaisir que je découvre ou redécouvre des auteures anglaises
qui décrivent avec finesse une société traditionnelle avec ses exigences, ses exclusions
mais aussi ses excentricités, ses audaces et ses originalités.
Dans " Mères, filles, sept générations" Juliet Nicolson nous fait entrer dans les univers successifs
de sept générations de femmes dont elle fait partie.
L'histoire se déroule dans les milieux de l'aristocratie et débute dans les quartiers pauvres de Malaga,
avec Pepita, danseuse étoile de l'Andalousie qui devient la maîtresse d'un diplomate anglais.
Cachée dans une luxueuse villa d' Arcachon, elle souffre de solitude,
prisonnière des grilles infranchissables qui la séparent d'une bourgeoisie bien-pensante.
Nous suivons au fil des pages le destin des filles-femmes-mères qui vont lui succéder,
cherchant à tracer leur chemin, dans l'ombre du mari ou du père, entre raison et passion.
Chacune de ces femmes porte en elle à la fois le désir d'appartenance à l'aristocratie paternelle
et celui de conquête d'une légèreté et liberté enrésonance avec les racines maternelles.
L'histoire nous transporte dans le temps et l'espace, entre l'Andalousie, l'Amérique, de Washington à New-York,
en passant par les figures célèbres de l'Angleterre autour de Bloomsbury et de Virginia Woolf.
Elle se termine sur une note optimiste : Je me dis que ma petite-fille a beaucoup de chance d'être née
à une époque où loyauté, respect et égalité sont tenus en haute estime,
où le sentiment de culpabilité n'est pas encouragé et où les bienfaits de l'imagination sont partout."
Espérons qu'elle ne se trompe pas, rien n'étant jamais tout à fait gagné comme le démontre le livre..
Une auteure à découvrir dans une écriture qui manie à la fois l'observation, l'humour et l'émotion.
Le livre est édité chez Christian Bougeois éditeur, 2017.