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sur un fil d'encre
10 octobre 2017

Souvenirs de la marée basse de Chantal Thomas(Seuil)

marée basse 002

Le roman de Chantal Thomas évoque l'histoire de sa mère Jackie, jeune fille puissante, rapide comme la marée, rêvant de records olympiques en natation, qui ne sait pas encore qu'elle va se faire rattraper par la vie de tous les jours. Se laisser peu à peu enfermer dans le quotidien. Alors nager encore pour "fuir les contraintes, échapper aux destins réduits. Nager pour inventer sa sensualité, préserver sa fantaisie." D'abord à Arcachon, puis, jeune veuve le long de la Méditerranée, à Menton, Nice, échangeant le cap Ferret contre le cap Ferrat. 

Sa fille Chantal découvre les deux visages de la mère,"son visage de maison, obscur, et son visage de natation, lumineux" tout en inventant sa propre liberté à travers l'eau, la plage, l'imaginaire. La relation ne se révèle ni facile, ni apaisée jusqu'au moment où elle aperçoit de l'autre côté de la vitre de l'autobus, sa mère bataillant contre la tempête, dans une liberté retrouvée face à l'eau, le vent et "toutes les folies de nos sens". 

A cet instant surgit la force mystérieuse de l'amour "Je suis rentrée chez moi enthousiaste d'elle, comprenant à quel point la raison n'avait jamais été son ancrage et que moi-même, comme les autres autour d'elle durant tout le temps d'Arcachon, j'avais tenu à la confiner dans un rôle et l'avais détestée d'y réussir si mal."

Il est des livres qui raniment la force lancinante des marées de la mémoire. Celui-ci m'a rappelé le destin de ma mère. J'ai revu cette jeune femme enfermée dans le quotidien,qui avait placé en moi tous ses désirs d'indépendance, de liberté et que j'avais eu tant de mal à supporter dans ses plaintes et ses renoncements. Elle dont le sourire et la joie de vivre surgissaient lors des vacances à Menton ou des journées passées le long de la mer du Nord. Elle qui n'avait pas appris à nager mais qui, d'un regard, pouvait franchir les records olympiques d'une liberté d'être retrouvée.

Lire Chantal Thomas fait voyager en "mère" et invite à s'emparer de l'héritage d'une "insaisissable liberté"sous la gangue des vies imposées.

 

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Commentaires
A
Un bel hommage à la femme dans tous "ses" états... Encore maintenant, les femmes sont tenues dans un carcan qui font d'elles, avant tout, des mères, obligées à paraître celles qu'elles ne sont pas (ou une partie)...La femme "louve" dort en chacune de nous, dans nos rêves et nos espoirs d'aller au-delà des obligations et à retrouver notre liberté...C'était encore plus vrai avant où la femme était épouse, mère. Point...Je comprends tout à fait ce parallèle entre l'héroïne du livre entre "son devoir" de mère et sa passion, la natation et ta maman
A
Intéressant ! Encore une découverte et un autre aperçu d'une relation mère-fille. La bibliothécaire de mon village va me prêter son propre exemplaire en attendant celui commandé pour la bib. Super sympa !
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  • blog littéraire et de réflexion sur la place de l'écriture dans la construction et la transformation d'une histoire de vie. Approche de l'autobiographie, du récit de vie, de l'animation d'atelier d'écriture et de l'édition littéraire.
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