Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
sur un fil d'encre
20 octobre 2013

Une cabane pour exister

100_1366

Photo: A. Trekker

Cet été, nos deux petits-fils aidés par leur maman ont posé les gestes séculaires de bâtir une cabane de pierres comme celles érigées par les anciens dans ces terres caillouteuses du Périgord. Un lieu pour s'abriter et parfois travailler.

Se construire une maison de pierres sèches, poser une à une, dans un juste équilibre ce qui nous protègera sans nous enfermer. Combien en ai-je construites, petite fille de ces maisons éphémères qui s'inscrivaient dans mes rêves d'avenir. Elles furent rarement de pierres, plus généralement de draps de lits troués et de vieilles couvertures élimées, le tout supendu sur des fils à lessive. Que de voyages j'y ai imaginés, à l'abri du regard des adultes. A chaque fois, je m'en rends compte aujourd'hui, deux éléments revenaient dans l'histoire : à l'intérieur de l'abri régnait la sécurité de la vie avec mes enfants poupées que je nourrissais et berçais, au dehors surgissaient les risques du monde, de la guerre et des ennemis avec aussi tout le sel de la conquête et de l'aventure. L'un n'allait pas sans l'autre.

Cet automne, après la trêve dans le Périgord, je suis revenue vers notre maison de pierres en Ardennes avec ce même esprit de l'enfance. Nous avions évoqué durant nos mois de transhumance dans le Sud-Ouest de quitter  cette maison aimée et amoureusement rénovée pour retourner vers la ville et y trouver davantage de sécurité et de facilité.

Avaient surgi mes cauchemars et ces matins brumeux et nauséeux de questionnement. Quitter notre maison des grands paysages pour un petit appartement cocon en ville? Quel renoncement! Certes, la raison m'y poussait mais tout en moi s'y opposait. Le corps rechignait, le dos se durcissait, la tristesse m'envahissait. Etrangement, c'est peut-être en regardant nos deux petits-fils construire leur première cabane de pierres que j'ai compris combien renoncer à notre vieille ferme un peu rude mais tellement vivante serait mourir à mon désir d'exister.

Il faut parfois pousser le raisonnement jusqu'à sa fin ultime pour saisir où nous portent nos vrais choix de vie. Il faut parfois juste imaginer au plus près la mise en acte réelle d'une décision et puis la prendre ou y renoncer ! D'un coup sec se laisser envahir par l'évidence. Et vous, quelle est votre cabane ?

100_1359

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
J'ai pensé à toi Clémentine et me suis demandé comment se portaient ta maison de pierres et ta maison de mots. L'une et l'autre ont laissé des images fortes en ma mémoire. Nous y avons partagé quelques moments qui laissent des traces et forgent une amitié. Je ressens le souffle de ton passage et de ta présence avec une grande douceur. Je t'embrasse moi aussi.
C
Coucou Annemarie,<br /> <br /> On dit que certains lieux ont une âme. J'en suis convaincue:) A quoi est-ce dû? Aux formes, aux espaces, aux couleurs, aux matieres, aux perspectives... Un peu de tout ça sans doute... C'est l'alchimie de la rencontre entre cette âme et la nôtre qui nous dit où est notre place:)) <br /> <br /> "Il faut parfois juste imaginer au plus près la mise en acte réelle d'une décision, et puis la prendre ou y renoncer. D'un coup sec se laisser envahir par l'évidence"... Écouter l'écho des émotions dans son corps... C'est tellement juste!<br /> <br /> Merci pour ces mots. <br /> <br /> Je t'embrasse. <br /> <br /> Annie
P
Ma cabane depuis quelques mois est imaginaire. Elle va de mon cerveau-lent à mon ordi. J'y mets mes espoirs mes regrets, mes joies ,mes peines et tout ce qui a rempli ma vie depuis 88ans bientôt. Et le hasard m'a fait cliquer sur votre site en me promenant sur canalblog. C'est un plaisir de lire vos histoires pour plusieurs raisons. Votre belle écriture qui coule comme un beau ruisseau et puis vous parlez de choses qui me touchent. Construire une maison de pierres ou de draps troués. Comme vous petites filles nous inventions nos jeux avec ce que nous avions entre les mains . Bravo Madame ou Anne si j'ose! et continuez à nous ravir avec vos vérités toutes crues .<br /> <br /> Blandine <br /> <br /> plumesetmots
sur un fil d'encre
  • blog littéraire et de réflexion sur la place de l'écriture dans la construction et la transformation d'une histoire de vie. Approche de l'autobiographie, du récit de vie, de l'animation d'atelier d'écriture et de l'édition littéraire.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
sur un fil d'encre
Publicité