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sur un fil d'encre
4 juin 2015

La grâce de l'oblique d'une journée particulière

daglan juin 2015 048

Photos: A Trekker.  Marqueyssac, entre Beynac et la Roque Gageac dans le Périgord

L'eau coule et son cours échappe à la ligne droite. Ainsi en va-t-il de nos histoires de vie qui se glissent entre les reliefs et suivent les dénivelés qui permettent l'écoulement vers l'ailleurs. Suivre les méandres plutôt que la ligne droite et se laisser guider vers l'inconnu avec une confiance non pas aveugle mais constante. Ainsi en va-t-il aussi de la pensée qui a besoin du mouvement et de détournements imprévus pour trouver ce que lui cache le droit chemin de la rationalité.

J'ai lu et bien aimé dans le "Sud Ouest" du 3 juin l'entretien avec Michel Serres à propos de son dernier livre "Le gaucher boiteux". Le titre de l'article déjà mettait en appétit "Rupture de l'équilibre et éloge de l'oblique". Le philosophe part du constat: "Je ne connais aucune méthodequi ait jamais ouvert à quelque invention, ni aucune invention trouvée par méthode (...) Beaucoup d'inventeurs ont inventé sans s'en apercevoir. On ne trouve jamais ce que l'on cherche. On trouve ce que l'on ne cherchait pas."

J'ai retenu la phrase parce qu'elle met des mots sur ce qui m'est arrivé lorsque nous avons acheté cette maison dans le Périgord noir. C'était lors d'un retour d'un courrier adressé à mon père qui, à 85 ans, avait changé de domicile et s'était remarié sans prévenir personne. Le choc de la surprise m'a fait choisir l'oblique plutôt que la ligne droite. Plutôt que quitter la ville où nous habitions, Bruxelles, pour un logement dans ses environs immédiats plus verts, nous sommes partis en quête d'une demeure en Dordogner. Réaliser ce vieux rêve enfoui au point de s'être effacé m'est subitement apparu comme une évidence. Peut-être d'autant plus évidente que saugrenue. Deux semaines plus tard, nous partions sur les routes avec un seul rendez-vous dans une seule agence immobilière pour visiter deux maisons. L'une que j'avais sélectionnée sur internet, l'autre qui était le coup de coeur de l'agence. C'est la deuxième qui fut élue. Le lendemain nous passions le compromis avant d'entamer le retour. Un an plus tard nous emménagions.

Déjà j'avais connu le même processus, côté profession. Bouster l'inconnu, bouster l'audace et saisir l'oblique quand la ligne droite menait à l'évidence sur le mur.  Ne pas réfléchir seulement au possible mais avancer vers ce qui se cache derrière l'impossible et le saisir.Qui de nous n'a pas un jour assisté à un rêve éveillé devenu réalité par la grâce de l'oblique d'une journée ou d'une rencontre particulière?

   

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Commentaires
A
Coucou Annemarie, <br /> <br /> <br /> <br /> Quel joli billet😊<br /> <br /> C'est vrai que les évidences manquent souvent de poésie. Trop rationnelles elles ne laissent pas toujours place à l'originalité. Prendre la tangente, ou l'oblique, ouvre alors des horizons inconnus... Qui nous attendaient😀 Et cela devient alors une evidence😊<br /> <br /> Profitez bien du soleil du Sud.<br /> <br /> Bisous.<br /> <br /> Annie
B
Très juste cet éloge de l'oblique... L'image aussi est très subjective. J'aime également les chemins de traverse qui mènent plus sûrement vers les menues surprises que la vie réserve. En Asie on n'affronte jamais les problèmes ou les inconnus frontalement. Biaiser est la voie de la relation.
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  • blog littéraire et de réflexion sur la place de l'écriture dans la construction et la transformation d'une histoire de vie. Approche de l'autobiographie, du récit de vie, de l'animation d'atelier d'écriture et de l'édition littéraire.
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